Des origines du musée à la rénovation

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#Art et culture #Collection #Histoire

Le 20 mars 2023

L’histoire du musée, c’est d’abord l’histoire d’une collection historique offerte en 1748 par l’encyclopédiste et inspecteur de la marine Henri-Louis Duhamel du Monceau au roi Louis XV. Une collection de modèles de navires et de machines portuaires qu’il a rassemblés dans les arsenaux. Elle commence à Paris pour se déployer sur le littoral, et venir à la rencontre de palais, citadelle et château.

Un musée qui prend naissance au Louvre

La Salle de Marine

C’est au premier étage du Louvre, près de la salle de l'Académie des sciences, qu’est installée en 1752 la collection dans La Salle de Marine, rattachée à la nouvelle École d’ingénieurs-constructeurs de vaisseaux. Sa vocation première est pédagogique à destination de l’école d’ingénieurs.  

 La collection du futur musée se constitue en dehors du Louvre. De 1801 à 1803, une éphémère galerie navale voit le jour au sein du nouveau ministère de la Marine, dans l’Hôtel de la Marine, place de la Concorde. Des œuvres contemporaines peintes quelques années auparavant rejoignent modèles et objets techniques, c’est le cas notamment des futurs joyaux du musée « Les Vues des ports de France » peintes par Joseph Vernet entre 1754 et 1756.

Le musée Naval au Louvre

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Musée de Marine, in « Paris illustré », Joanne, Adolphe (1813-1881) 1878 © musée national de la Marine/S. Dondain

En 1827, un nouveau jalon est posé dans l’histoire du musée, avec la création par décret signé par Charles X du Musée naval au Louvre. Cette nouvelle étape est synonyme d’enrichissement de la collection, l’ingénieur de la Marine Pierre Zédé regroupe des collections dispersées dans les arsenaux et les palais officiels. Ce nouvel essor s’accompagne sur le littoral de la création de nouvelles salles au sein même des arsenaux à Cherbourg, Brest, Lorient, Rochefort et Toulon.

Tout au long du XIXe siècle, le musée conserve une dimension technique et historique avec ses modèles de navires anciens et contemporains et ses œuvres d’arts choisis pour leur valeur de témoignage historique. Les missions d’exploration et les expéditions coloniales ajouteront au musée une dimension ethnographique.

L’Amiral Pâris et l’enrichissement des collections du musée

Agrandir l'image : Photo de l'amiral Pâris dans son bureau au Louvre
L'amiral Pâris à son bureau au Louvre © Coll. J. Coutant/Droits réservés

Un nouvel acteur entre alors dans l’histoire du musée, c’est l’amiral Pâris. Directeur de 1871 à 1893, c’est l'une des grandes figures du musée. Il utilise son salaire de conservateur pour fabriquer des vitrines et améliorer les conditions de présentation des objets, et fait don au musée d’une grande partie de sa bibliothèque personnelle et des plans qu’il a réalisés pendant ses tours du monde. Soucieux de préserver une trace des navires disparus ou en voie de disparition, il ouvre les collections du musée vers l’histoire et l’architecture navale ainsi qu’à d’autres réalisations maritimes comme les phares ou les canaux de Suez et Panama.

Pâris donne aussi une nouvelle impulsion à l’enrichissement des collections du musée en élaborant un plan de constitution des collections et en créant un atelier de fabrication de maquettes. Environ 1000 objets intègrent les collections entre 1871 et 1893.

Le Musée naval est alors considéré comme le sixième département du Louvre et se déploie sur 2000 m2 dans 19 salles.

Au cours du XXe siècle, les collections ethnographiques partent enrichir d’autres établissements. En 1919, le musée est rattaché au ministère de la Marine. La présence du musée au sein du Louvre est alors de moins en moins justifiée et acceptée.

Un nouveau palais entre alors en jeu, le projet du nouveau Palais de Chaillot construit pour l’exposition universelle des Arts et Techniques dans la vie moderne. La direction des Beaux-Arts propose d’affecter au musée de la Marine une partie de l’aile Passy qu’il partagerait avec le musée de l’Homme, héritier du musée d'ethnographie du Trocadéro.

Le palais de Chaillot, écrin du musée national de la Marine

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Retour en 1943 au Palais de Chaillot des collections du musée cachées en 1939 au château de Chambord © musée national de la Marine

Avec l’exposition internationale de 1937, un grand programme architectural est destiné aux musées, de nouveaux palais : Palais de Chaillot, de Tokyo, d’Iéna viendront leur servir d’écrin. L’aile Passy du Palais Chaillot accueillera le musée de la Marine et le musée de l’Homme. 

Une installation aux prises avec l’histoire  

Si le musée de l’Homme est inauguré en 1937, il n’en va pas de même pour le musée de la Marine, d’abord retardé pour des raisons administratives, le déménagement est stoppé par la guerre. Les collections sont mises en caisses, envoyées pour les plus précieuses en province et à Chambord notamment où elles côtoient les collections d’autres musées français. À partir de l’été 1942, elles rejoignent progressivement le Palais de Chaillot.

À l’occasion du deuxième Salon de la Marine, organisé du 4 juin au 3 juillet 1943, le musée présente une première sélection de modèles réduits et de sculptures navales, qui préfigure le projet de l’établissement, centré sur le cœur de ses collections : les modèles de navires. Le nouveau directeur formule en ces termes l’objectif : « Vous visiterez alors un musée vivant, imagé, coloré, qui sera une grande fresque maritime, la synthèse de nos activités sur les mers littorales et océanes, le reliquaire de nos gloires maritimes ».

Le musée ouvre ses portes en août 1943, en décembre 1944 est inaugurée la première exposition temporaire du musée national de la Marine « La Marine au combat ».

Centré tout d’abord sur l’histoire de la marine de guerre, le propos historique se complète peu à peu de galeries thématiques consacrées à l’exploration sous-marine, à la marine marchande, à la plaisance ou à l’hydrographie, toujours sous l’angle de l’histoire nationale. L’offre proposée aux visiteurs se diversifie : aux rêves de gloire et d’horizons lointains viendront s’ajouter la fascination pour les outils du progrès scientifique et technique, l’engouement pour la voile sportive, la nostalgie des croisières transatlantiques, l’émotion provoquée par les œuvres inspirées par la mer. Parallèlement à ce programme muséographique, un ambitieux centre de ressources documentaires est constitué afin d’accueillir chercheurs et passionnés.

Un musée sous tutelle de la Marine et la création d’un réseau national

En 1947 un nouveau tournant marque l’histoire du musée. Dans sa direction, le musée est rattaché par décret directement au ministre de la Marine et quitte la tutelle du Service Historique. Dans son organisation, le directeur du musée est chargé de l’organisation des musées navals des arsenaux dont les collections sont peu à peu intégrées à l’inventaire général du musée.

Ce rattachement officiel en 1947 de la gestion des musées héritiers des anciennes salles des arsenaux des XVIIIe et XIXe siècle, crée un véritable réseau national. Ces musées (Brest, Cherbourg, Lorient, Toulon…) ont été durement éprouvés par les bombardements. Un important travail de restauration, tant des bâtiments que des collections, est entrepris.

Devenu établissement public national à caractère administratif en 1971, le musée est chargé d'assurer la conservation, la présentation, l'enrichissement de ses collections dans tous les domaines de la marine, notamment ceux de la Marine nationale, des marines de commerce, de pêche, de recherche océanographique, ainsi que les sports nautiques et la plaisance. Il acquiert ainsi une autonomie de gestion, sous tutelle du ministère de la défense.

Des années 1990 à nos jours

1996 menaces sur le palais de Chaillot

En 1996, Jacques Friedmann présente un rapport sur la création d'un musée des Arts premiers commandé par le président de la République, proposant l'occupation de toute l'aile Passy du palais de Chaillot et la disparition du musée de l'Homme fondu dans le nouvel équipement, et l’éviction du musée de la Marine. Le mouvement de protestation, mené par Eric Tabarly, pousse le président Chirac à confier une mission à Jean-François Deniau. Son rapport comporte deux composantes : un projet de développement pour le musée de la Marine, avec une surface d'exposition de 11 000 m², des espaces d'accueil et de services offerts aux publics, ainsi que des ateliers et des réserves ; et des propositions d'implantation sur différents sites parisiens. L'implantation sur le quai d'Austerlitz est considérée comme trop coûteuse, ce qui remet en question l'implantation du musée des Arts premiers dans l’aile Passy.

Finalement le musée des Arts premiers bénéficie de la création d’un tout nouveau musée porté par le geste architectural de Jean Nouvel.

Une nouvelle direction

En 1997, un nouveau directeur est nommé au Musée national de la Marine de Paris et recrute pour la première fois un professionnel de musée pour l'assister. Un projet scientifique et culturel est élaboré en 1998, qui formule plusieurs propositions mises en œuvre dans les années suivantes, notamment la création d'un service culturel et de salles d'expositions temporaires de grandes dimensions. Le musée cherche également à renforcer son réseau en développant des liens avec d'autres projets et équipements, et organise des journées d'études annuelles.

Il propose des expositions temporaires ambitieuses et une programmation culturelle plus fournie

 

Les acteurs du musée témoins de son histoire

A l'occasion de la dernière exposition avant la rénovation le musée retrace son histoire en vidéo

Le renouveau du musée à l’aube du XXIe siècle

En 2014, Benedict Donnelly et Erik Orsenna remettaient à sa demande à Jean-Yves Le Drian, alors ministre de la Défense, un rapport sur le patrimoine culturel maritime dans lequel ils préconisaient une transformation ambitieuse du musée national de la Marine, s’appuyant notamment sur une profonde rénovation du site de Chaillot.

Le 6 octobre 2015 lors de l’inauguration de l’exposition « Dans les mailles du filet », Jean-Yves Le Drian confirme que l’Etat s’engage dans le financement exceptionnel pour la rénovation du site de Chaillot. Cette décision ouvre la voie à la rénovation du nouveau musée.

Le projet de rénovation a débuté en 2017 et devrait s'achever en 2023. Il consiste à rénover et moderniser les espaces d'exposition du musée, mais aussi à agrandir le bâtiment pour accueillir plus de visiteurs et offrir de nouveaux espaces de médiation.

Rapport de la mission Donnelly et Orsenna 2014

Mission de réflexion sur le patrimoine culturel maritime pour le Ministre de la Défense

Télécharger le document Rapport de la mission Donnelly et Orsenna 2014 (PDF - 187 Ko)