Chantier de construction d’un vaisseau de 118 canons

Brest

L'atelier du musée a fabriqué le diorama et M. Leliepvre a fabriqué et placé les figurines.

Maquette au 1/60e, bois fibres végétales

La scène représente un vaisseau de 118 canons en construction sous le premier Empire. Le chantier est incliné pour faciliter le lancement de la coque à la mer. On voit des bagnards reconnaissables à leur bonnet rouge s'affairer autour de la quille du futur bateau. Certains couples sont déjà posés.

La construction d’un vaisseau

Une série de quatre outils de calfat comprenant 1 maillet en bois, 1 fer double travaillant, 1 fer simple travaillant et 1 fer plat Agrandir l'image : Outils de calfat
Une série de quatre outils de calfat comprenant 1 maillet en bois, 1 fer double travaillant, 1 fer simple travaillant et 1 fer plat © Musée national de la Marine/A.Fux

Le mot arsenal vient de l’arabe dar as sina’a qui signifie « la maison où l’on construit ». Dans l’arsenal, les ouvriers transforment des chênes centenaires en carènes de vaisseaux ou de frégates. Les scieurs de long découpent les pièces de bois qui vont former la quille, l’étrave et l’étambot. Les perceurs creusent avec leurs tarières les trous pour l’assemblage des divers éléments.

Le bateau est construit sur un plan incliné, ce qui facilite sa mise à l’eau. Une fois les couples assemblés et chevillés, les charpentiers y appliquent les planches du bordage. Pour assurer la courbure nécessaire, on les chauffe dans des étuves afin de leur donner la souplesse indispensable. Enfin, les calfats, en insérant l’étoupe entre les bordés, assurent l’étanchéité de la coque. Plus tard, les voiliers et les cordiers préparent et installent le gréement du navire : mâts, étais, haubans, voiles, drisses et écoutes.

Dans cet établissement qu’on a parfois qualifié de préindustriel, les femmes sont également présentes, notamment comme étoupières. De la pose de la quille à son lancement, la construction d’un vaisseau dure environ 12 à 18 mois.

Le vaisseau de 118 canons

À la suite de l’adoption du plan type pour les vaisseaux de 74 canons en 1782, le plan du vaisseau de 118 canons est adopté le 30 septembre 1785. Il est l’œuvre de Jacques-Noël Sané.

Le bâtiment doit porter 118 canons, avec une batterie basse percée à seize sabords et armée de canons de 36 livres, la deuxième batterie doit être armée de canons de 24, la troisième de canons de 12, et les gaillards de canons de 8.

La longueur d’étrave à étambot est de 196 pieds (63,82 m), la largeur de 50 pieds (16,25 m) avec un équipage de 1100 hommes environ.

Buste de Jacques-Noël Sané

Jacques-Noël Sané (Brest,1740 – Paris,1831)

Élève de Duhamel du Monceau à l’École de Paris en 1765, Sané que l’on surnommera plus tard “ le Vauban de la Marine ” présente déjà de grandes dispositions en architecture navale.

Ingénieur-construteur en 1774, il réalise d’excellents vaisseaux, comme l’Annibal, qui se conduisent parfaitement lors des campagnes de la guerre d ‘Amérique. Remarqué et soutenu par Borda et le ministre de la Marine, Sané remporte, entre 1782 et 1787, les trois concours pour l’adoption des plans type des vaisseaux de 74, 80 et 118 canons, conduisant à l’uniformisation de la construction navale militaire. Membre de l’Académie royale de Marine en 1786, Sané devient directeur du port de Brest en 1793. Concepteur exceptionnel, dont les plans de navires inspirent déjà les Marines européennes, il sait être suffisamment apolitique pour traverser tous les régimes.

Inspecteur général du Génie maritime de 1800 à 1817, membre de l’Institut, baron d’Empire, grand officier de la Légion d’honneur, Sané aura laissé son empreinte sur l’ensemble de l’architecture navale française entre le dernier tiers du XVIIIème siècle et la fin de la marine à voiles vers 1850.

Diorama : Chantier de construction d’un vaisseau de 118 canons