Le projet muséographique
À lire
Le 20 mars 2023
En février 2019, un premier jury a retenu cinq candidats scénographes sur les quarante dossiers soumis. En juillet 2019, un second jury composé de professionnels du monde des musées et du patrimoine, ainsi que des représentants des ministères des Armées et de la Culture, a désigné comme lauréat l’agence Casson Mann. EN SAVOIR PLUS
La conception scénographique
Un lieu moderne et vivant
La démarche de l’équipe lauréate s’ancre dans le désir de faire du musée une institution vivante, qui lie les histoires de la mer aux connexions profondes que la nation entretient avec elle et ce, pour un large public. Leur approche se construit autour de la nécessité de captiver et d’inspirer le plus grand nombre, pour faire du musée un lieu porteur de sens pour notre époque et pour la vie des gens qui la traverse. Le projet sublimera les collections, au rang desquelles de nombreuses œuvres jamais ou peu présentées, avec ce message porté que la mer fait partie de nous, qu’elle joue un rôle dans nos vies.
Le futur musée se présentera donc comme une institution moderne et vivante, et non uniquement comme un lieu d’exposition d’objets historiques. Le but est de conter des histoires, de divertir, et de faire plaisir. Ici, la mer sera présentée dans son contexte social et culturel au sens large. Ainsi, le design retenu viendra sublimer les espaces sobres et élégants créés suite à la rénovation architecturale. Il utilisera la courbe de l’immeuble afin que la traversée du visiteur soit naturelle et intuitive. D’un même mouvement, jouant au mieux avec les volumes du bâtiment, les visiteurs seront incités à s’aventurer dans ces lieux où seront introduites des installations sculpturales de grandes dimensions.
L’expérience visiteur au cœurs du projet
Le visiteur doit pouvoir comprendre, s’amuser et se détendre lors de son voyage au sein du musée. Pour ce faire, le public aura les moyens de faire ses propres choix, suivre son propre cap, et ainsi donner à sa visite la forme qui lui conviendra le mieux, en suivant le flot de ses intérêts et envies du moment. Le plan encouragera les visiteurs à suivre la courbe naturelle du bâtiment jusqu’aux extrémités de l’espace mais une grande liberté leur sera laissée pour profiter au mieux de la richesse des collections.
Le musée devra attirer un public large et divers, incluant familles, jeunes, amateurs, néophytes, visiteurs individuels, personnes en situation de handicap, groupes… Il s’agira donc de créer des univers immersifs d’une grande beauté dans lesquels, grâce à la mise en scène, et évidemment grâce aux oeuvres, les visiteurs seront immédiatement immergés de manière émotionnelle et sensorielle. Les lieux d’exposition seront construits de manière à plaire à un public varié à qui le musée offrira de nouveaux angles et des approches originales, notamment concernant les problématiques et défis maritimes actuels.
L’accessibilité un aspect clé
Les publics pourront notamment inclure des personnes à mobilité réduite, des déficients auditifs ou visuels, des personnes ayant des difficultés d’apprentissage ou encore sujets à des troubles psychiques. Certaines considérations pratiques seront mises en oeuvre, comme s’assurer que le parcours soit clairement délimité afin que les personnes à mobilité réduite ou malvoyantes puissent y naviguer sans encombres, prévoir systématiquement des espaces où les fauteuils roulants pourront faire demi-tour, définir les tailles et les contrastes des textes pour qu’ils puissent être lus par tous, ou encore proposer des médiations multisensiorelles afin de s’adresser au plus grand nombre.
Le parcours de visite
L’espace « Repères » : la mer comme horizon partagé
Sas d’entrée pour les visiteurs, cet espace de 300 m2 proposera au public une introduction générale au monde maritime, en lui donnant quelques clés de compréhension tant historiques que géographiques, géopolitiques, économiques ou encore esthétiques. Différents registres seront sollicités : ludique et interactif, cognitif et immersif. Le propos sera clair, pédagogique et concis pour entraîner les visiteurs dans les histoires et parcours qui leur seront proposés ensuite à travers les différents espaces du musée.
Les trois galeries semi-permanentes
Le parcours au sein du musée propose au public de visiter trois galeries, d’environ 500m2 chacune. Traitées comme des expositions semi-permanentes, elles seront renouvelées à tour de rôle tous les 3 à 5 ans, en fonction de thématiques, d’objets exposés et de scénographie, selon les attentes du public et de l’actualité. Enfin, elles auront des identités très différentes en termes de sujets et de type de discours.
Les trois galeries ont pour ambition :
• de parler d’un sujet en le resserrant et en le problématisant comme on le ferait pour une exposition temporaire et ainsi de renoncer au classique «parcours des collections» que l’on retrouve dans la plupart des musées
• de le mettre en perspective sous forme de récit
• d’utiliser la représentation humaine et/ou les témoignages pour réussir à incarner l’aventure maritime
• d’identifier les défis et enjeux actuels relatifs à la mer sur cette problématique et interroger la conscience citoyenne de chaque visiteur
Chaque galerie abordera une thématique particulière qui permettra, à partir d’un sujet de départ, d’élargir le propos et de faire en sorte qu’à la fin du parcours, l’ensemble de la collection soit présenté et que les thèmes identifiés dans le projet scientifique et culturel soient traités, dans une optique de cohérence et de complémentarité.
Galerie 1 histoire : La France puissance navale, pouvoir et innovations
Aborder l’histoire de la marine de guerre est une évidence pour un musée du ministère des Armées : les œuvres en lien avec le sujet sont emblématiques de nos collections, et le lien Armée-Nation était et sera un axe majeur de la scénographie. L’objet de cette galerie est de présenter au public, sous une forme chronothématique, une relecture du développement de la marine de guerre française depuis le XVIIe siècle jusqu’à nos jours, vu sous le prisme de l’innovation. À travers des histoires, celles de navires et de marins, de la diversité de leurs métiers et de leur savoir-faire, d’inventions tactiques ou technologiques, il s’agira d’embarquer le visiteur pour comprendre le rôle de la Marine nationale et de l’État en mer.
Galerie 2 économie : économie maritime, les routes de la consommation
Tout en s’appuyant sur des collections historiques, cette galerie a pour ambition de présenter les enjeux contemporains liés à la mer, qu’ils soient économiques, écologiques ou sociaux, et d’ouvrir le propos sur le futur, dont les enjeux environnementaux. L’objectif est de faire prendre conscience au visiteur de l’omniprésence des économies maritimes dans son quotidien et des enjeux écologiques capitaux induits par notre consommation. Elle l’interroge sur l’origine des produits qu’il consomme et lui fait découvrir les routes maritimes, leurs acteurs et les circuits qui lui permettent d’en bénéficier.
Galerie 3 émotions l’homme et la mer, tempêtes et solidarités
Le principe de la galerie est de faire vivre au visiteur une expérience à travers des œuvres monumentales, des objets issus de naufrages (archéologie sous-marine) et de témoignages. Il découvrira la mer sous un angle inattendu. Cette galerie aborde la mer comme source de questionnements pour l’individu, envers lui-même et dans son rapport à l’autre. Les aspects liés à la spiritualité et aux solidarités seront abordés, de même que la réflexion sur la disparition, le passé et sa compréhension, au moyen notamment de l’archéologie sous-marine.
Les quatre studios
Ces espaces, de 150 à 200 m2 chacun, seront traités comme des écrins abritant les collections emblématiques du musée. En cela, ils se distinguent des galeries. La fréquence de leur réaccrochage sera en fonction du renouvellement des galeries semi-permanentes. Les studios, thématisés et illustrés par des œuvres, n’ont pas vocation à être problématisés comme les galeries ni à faire l’objet d’une mise en récit. Ils sublimeront des objets phares du musée et les trésors de la collection.
Les Vues des ports de France de Joseph Vernet
La série des Vues des ports de France de Joseph Vernet constitue un ensemble patrimonial exceptionnel. Outils politiques au service du pouvoir royal, ces toiles sont des œuvres artistiques remarquables. La vie palpable qui se dégage des scènes maritimes et portuaires témoignent de l’activité foisonnante du littoral de la seconde moitié du XVIIIe siècle. Cette galerie permet de mobiliser les tableaux de Vernet, et de son successeur Hue à partir de 1791. Portraits et gravures viendront proposer un éclairage renouvelé sur le contexte de création et la postérité de cette exceptionnelle commande.
La petite et grande histoire des «modèles»
De la collection Trianon, commandée par Napoléon Ier, aux bateaux-jouets, la très riche collection de modèles et maquettes du musée national de la Marine témoigne d’usages variés et multiples. Il s’agira de montrer qu’un modèle peut avoir un intérêt esthétique et technique, de rendre compte de la diversité des modèles sur les plans chronologique, typologique et fonctionnel, et enfin de faire apparaître les maquettes comme des objets d’histoires européennes et extra-européennes aux dimensions multiples.
Splendeurs de la sculpture navale
Riche d’un répertoire varié aux facettes multiples, la sculpture navale recouvre différents usages : visée décorative, moyen d’identification, rôle prophylactique ou encore outil de représentation du pouvoir. Ses dimensions esthétique, technique et politique seront présentées au sein d’un studio organisé autour des ornements de la Réale, galère ambassadrice des aspirations royales du Roi-Soleil, et l’une des pièces maîtresses du musée.
Se repérer en mer : l’art de naviguer
L’histoire de la navigation est longue et complexe, faite d’expérimentations variées et d’inventions de génie. D’abord basé sur la tradition orale puis développé grâce aux ouvrages scientifiques et aux instruments, l’art de naviguer n’aura de cesse de se perfectionner au fil des siècles. À travers ses riches collections, le musée national de la Marine souhaite revenir sur cette évolution et montrer au visiteur que les technologies modernes ne peuvent suffire à se repérer en mer aujourd’hui et à remplacer l’homme. Un vrai phare au cœur du parcours!