Depuis sa création au 17^e siècle, l’arsenal de Rochefort est confronté à un problème central : l’envasement. À chaque marée, le limon de la Charente s’amasse et s’infiltre dans les infrastructures. La boue s’accumule particulièrement devant la double forme de radoub, rendant rapidement impossible la sortie ou l’entrée des navires qui y sont réparés ou entretenus. Jusqu’au début du 19^e siècle, la boue est dégagée par de grandes pelles traînées par des bœufs. L’opération est toutefois longue, complexe et coûteuse. 

Une solution originale

Formé à l’École Polytechnique et nommé à l’arsenal de Rochefort en 1805, l’ingénieur Jean-Baptiste Hubert (1781-1845) propose une solution originale à ce problème important. Il installe en 1806 une drague en travers du fleuve, qui racle le fond de la Charente par des mouvements continus de va-et-vient. L’énergie nécessaire à son mouvement est fournie par un moulin à vent de 31 m de hauteur. Une fois l’accès à la double forme de radoub bien nettoyé, la drague fonctionne deux fois par semaine afin d’empêcher la vase de s’accumuler. Le surplus d'énergie produit par le moulin est utilisé pour actionner une machine à broyer les pigments de couleurs destinés à la peinture des navires, un laminoir à plomb et un tour à métaux.

Entre 1807 et 1829, des modèles à différentes échelles du moulin à draguer la vase, comme du moulin à scier construit en 1814, sont réalisés par l’atelier des modèles de l’arsenal de Rochefort. Ils témoignent aujourd’hui des préoccupations de productivité et de rentabilité dans l’arsenal au 19^e siècle, qui mobilisent alors les ingénieurs de la Marine.