Si la Marine française construit à partir de 1818 ses premiers navires à vapeur, destinés à la navigation fluviale, ces bateaux et leurs machines sont peu performants. Il faut en effet attendre quelques années avant que ne soit conçu, dans l’arsenal de Rochefort, le premier navire à vapeur véritablement opérationnel.

Affecté au Service des constructions navales de Rochefort, l’ingénieur Jean-Baptiste Hubert (1781-1845) met au point à partir de 1827 le Sphinx, qui marque le démarrage de la vapeur dans la Marine française. Inspiré de la coque d’une corvette, et ainsi adapté à la navigation en mer, le navire est doté d’une machine à vapeur fabriquée à Liverpool afin de mettre à profit les avancées technologiques des Anglais. Devant son succès, une vingtaine de navires sont construits sensiblement selon les mêmes plans, dont le Météore.

Lancé à Rochefort en 1833 après 10 mois de chantier, le Météore est un aviso à roues à aube. Petits navires de liaison, les avisos étaient à l’origine chargés de porter les « avis », c’est-à-dire le courrier, d’où leur nom. Comme la plupart des navires de guerre construits jusque dans les années 1870, le Météore est mixte : il est équipé d’une machine à vapeur, mais conserve un gréement. Au cours de sa carrière, il mène plusieurs missions avec succès. En 1838, il devient le premier navire à vapeur français à traverser l’Atlantique. 

Un modèle au service de l’innovation et de la pédagogie

Réalisé vers 1833 et probablement destiné à l’époque au musée naval de Rochefort, le modèle du Météore illustre les débuts de la propulsion à vapeur. Il témoigne aussi du rôle majeur joué par l’arsenal de Rochefort dans cette évolution technologique de la Marine française. Le modèle offre aussi une vision pédagogique de l’architecture d’un tel navire.  S’il est entièrement achevé du côté tribord, dont la partie inférieure est recouverte de cuivre, le côté bâbord, présenté sans doublage, comporte une ouverture dans la coque qui montre l’assemblage des pièces de bois. Des panneaux amovibles sur le pont supérieur permettent pour leur part d’observer la disposition à l’intérieur de la cale.