Son nom provient des provinces d’Artois et de Flandres qui ont financé sa construction. En effet, à la fin de la guerre de Sept ans qui s’est soldée par la perte de nombreux navires, le duc de Choiseul (1719-1785), nommé secrétaire d’Etat à la guerre et à la Marine en 1861, décide de réarmer la flotte en s’appuyant sur le financement des villes et des provinces françaises. Dix-huit vaisseaux dont l’Artésien sont construits grâce à cet élan patriotique.

A la fin des années 1770, l’Artésien est engagé dans la guerre d’indépendance américaine et participe notamment à la bataille d’Ouessant.

A partir de 1781, le navire rejoint une escadre confiée à André de Suffren (1729-1788) qui fait route vers le Cap pour soutenir une colonie hollandaise et participe à la bataille victorieuse de la Praya au Cap-Vert. Après une longue escale au Cap, le bailli de Suffren poursuit sa route vers la côte de Coromandel puis vers Ceylan et, entre 1782 et 1784, engage sa flotte dont l’Artésien dans les nombreux combats de la campagne des Indes.

L’Artésien est désarmé en 1784 et en 1785, il rejoint Rochefort comme ponton pour supporter une machine à mater. Il est démoli en 1792.

Un modèle de ce navire est élaboré entre 1764 et 1765 à Brest, pendant la construction du vaisseau.

Une fois terminé, ce modèle est envoyé à Versailles à la demande du comte de Choiseul pour servir à l’instruction du Dauphin, futur Louis XVI et de ses frères. En 1810 il intègre la collection Trianon et, aujourd’hui, il est conservé dans les collections du musée national de la Marine (n° Inv. 13 MG 3).

Maquettiste de profession, Gérard Chenivesse a entrepris la construction de l’Artésien pour son plaisir personnel, en s’appuyant sur un relevé précis de la maquette du XVIII^e siècle. Entre la mise en œuvre du modèle en janvier 2010 et la pose du dernier élément en novembre 2019, 10 000 heures de travail ont été nécessaires.

A des fins pédagogiques, le choix de présentation s’est porté sur une coque « en charpente » à bâbord, et sur une coque « finie » à tribord. Désireux que ce modèle, qualifié d’exceptionnel par des spécialistes de modélisme naval, soit présenté à un large public, Gérard Chenivesse en a fait don au musée national de la Marine en 2020. Elle est exposée depuis au musée national de la Marine à Port-Louis.