Rochambeau voit la mer pour la première fois à l’occasion du siège de Minorque en 1756. Au cours de cette opération, les armées terrestres et maritimes utilisent la Méditerranée comme un support logistique essentiel pour transporter les troupes d’invasion, le matériel et bloquer les renforts anglais. En 1778, Rochambeau se retrouve cette fois face à la Manche lors des manœuvres du camp de Vaussieux puis pendant les préparatifs d’un nouveau débarquement finalement avorté en Angleterre en 1779.

Ce premier parcours maritime joue un rôle non négligeable dans le choix de nommer Rochambeau, commandant d’une « expédition particulière » destinée à aider les insurgés américains dans la guerre d’indépendance contre l’Angleterre. En 1780, il se voit confier un corps expéditionnaire d’environ 6 000 hommes embarqués sur une escadre placée aux ordres de l’amiral Ternay. L’ordre de mission, assorti d’une instruction secrète, est clair : il s’agit d’aider les insurgés américains comme auxiliaires, le commandant français demeurant aux ordres de Washington. Au terme d’un engagement de près de trois ans et grâce à une opération combinée audacieuse, les Etats-Unis et la France remportent les victoires décisives de la Chesapeake et de Yorktown. A son retour en France, Rochambeau assiste à la reconnaissance officielle des Etats-Unis et acquiert une stature internationale.

Il devient ainsi l’exemple éclairant d’un officier de l’armée de terre qui a su conjuguer la culture du service armé de l’État aux impératifs logistiques et aux contingences maritimes.

par Matthieu Haroux, Professeur agrégé d’histoire, auteur d’une thèse sur Rochambeau

Association des amis du musée national de la Marine. 

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